Bon j'ai pensé vous remettre cette partie de mon journal intime pour le faire partager avec les amoureux des loups. Bonne lecture!
Mon été avec les loupsSamedi le 24 juillet dans la nuit et dimanche le 25 juilletAvant hier ma conjointe et moi, sommes allés appeler les loups au sommet d'une montagne et avons eu réponse, ce qui nous a permis de localiser d'où provenaient les sons de façon approximative à 3 km à ma droite en montagne.
Donc le lendemain matin je décide d'aller en forêt et de m'enfoncer vers la direction que j'avais localisée la veille. Je m'assure qu'il est possible de me diriger vers l'endroit approximativement désiré pendant toute la matinée et une fois satisfait je retourne chercher ma conjointe.
En après midi nous explorons les lieux et découvrons énormément de crottins de loups dans les parages donc cela semble confirmer mon hypothèse de la veille que je suis au bon endroit.
Après de nombreuses heures à ne faire aucun bruit, ma conjointe ayant pris une direction opposée à la mienne, je tombe sur une tanière. Sur des adultes sÂ’enfuyant et de petits louveteaux demeurant sur place en panique. Je partage avec vous tous mes pleures de joie sur cet instant pris sur ma caméra numérique (ce nÂ’est nullement fait pour ça ce genre de caméra) grrr j'aurais dû prendre ma vraie caméra, le temps action-réponse est beaucoup trop lent pour ce genre de photos à prendre, seulement 3 sur 9 photos sont présentables.
Ma conjointe mÂ’a rejoint et a aussi profité de cet instant magique, cependant nous n'avons pas osé demeurer trop longtemps sur place, la meute rôdant autour de nous, le grand hurlement d‘un loup adulte à l'orée de la forêt nous fait deviner le désarroi et lÂ’anxiété que nous leur imposons. Par conséquent, nous avons cru bon de quitter les lieux après satisfaction d'un moment privilégié avec la nature sauvage.
Mardi le 27 juilletJe retourne en matinée vers 7hrs seul en forêt. Je mÂ’enfonce lentement et sans bruit de pas vers la tanière que jÂ’avais localisée, plus rien, plus de loups, plus de louveteaux, et aucun bruit en forêt pouvant me faire croire quÂ’ils sont toujours dans les parages.
Cependant, je remarque quÂ’au pied de la tanière certains débris de bois sont déplacés comparativement à dimanche donc je conclus quÂ’ils sont toujours dans le même secteur. Probablement la peur de dimanche matin a fait quÂ’ils ne viennent dormir quÂ’ici la nuit. Je passe la journée dans les parages à attendre et à repérer certains endroits possibles où pourrait se situer la meute.
Le soir venu, avant la nuit tombante, je me résigne à la défaite quÂ’ils ont quitté les lieux. Je suis un peu triste et me retrouve dans un sentier du côté opposé à environ 75 mètres. Je fais quelques hurlements pour leur dire au revoir au cas où ils seraient dans les environs. Rien, aucune réponse, une minute passe, deux minutes passent, je décide de rejoindre mon camion, et nÂ’ayant fait quÂ’environ 5 mètres, les voilà qui à ma grande joie hurlent à lÂ’unisson. Quel merveilleux chant et quel beau cadeau ils me font. Pas croyable ! Les hurlements proviennent, selon mon estimation, quÂ’Ã environ 15 mètres dans le bois dans lequel jÂ’ai passé une partie de la journée à ne point bouger et faire de bruit. Je suis heureux mais fatigué, je retourne à la maison.
Jeudi 29 juilletJe suis de retour sur les lieux. Il est environ 7hrs du matin. Je fais la même routine que la dernière fois mais ne perd pas trop de temps à me diriger au même emplacement que mardi en fin de journée. Je me dis quÂ’ils mÂ’ont répondu une fois alors pourquoi pas ce matin. Ainsi jÂ’ose espérer que mon rêve sera réalisé car pour moi être en communication directe avec les loups, est une bénédiction que la nature sauvage mÂ’accorde.
Après quelques pas dans mon sentier préféré, jÂ’entends une bête dévorer une proie. Je reconnais ce bruit. Oui il sÂ’agit sûrement dÂ’un loup qui, par ses grognements, dicte aux autres lÂ’appartenance et le privilège de son rang à pouvoir dévorer cette proie le premier. Par respect pour leur petit déjeuner, jÂ’écoute cette valse de dégustation sans faire de bruit jusqu'à la fin.
Après 1 heure dÂ’attente environ, je fais un long hurlement, ensuite deux petits hurlements courts, et jÂ’attends une réponse sans faire de bruit ni bougé. OHHHHH lalalalala, pas possible ah non je rêve, que va tÂ’il mÂ’arriver ?
JÂ’entends des pas de course dans la forêt. Cela semble être tout un régiment qui vient vers moi à course folle. Que faire, courir ? Oh non surtout pas, ne me reste quÂ’Ã attendre, tout cela ce passe tellement rapidement, jÂ’ai ma caméra elle est prête ? Oui ? Non ? Oui ? . Non, ne pas bouger, ne pas faire de bruit, ils arrivent tous, combien sont-ils ? Où vont-ils apparaître ? Peut-être vont-ils détester cela, ne pas apprécier cette supercherie que je viens de leur imposer ? Je ne suis quÂ’Ã un seul pas du boisé. Les voilà , ils bondissent devant moi, 1-3-5-6 louveteaux de 30 à 50 livres. Ils arrêtent, surpris par ce quÂ’ils découvrent, et moi soulagé un bref moment que ce ne soit pas papa ni maman loup. Je me dis, il faut, il faut que je prenne des photos, il le faut !
Mais je nÂ’ose baisser les yeux sur ma caméra, je la tâtonne, car lÂ’idée mÂ’est venue de mettre mon moteur de photos rapides, ah merde ! JÂ’ai fait une erreur, et pressé le mauvais bouton et dégagé la pellicule pas croyable, je me sens idiot. JÂ’essaie quand même, suis la pour ça, allons photos ! Clic Clic Clic. Pendant ce temps les loups quittent le sentier et continuent leur course, me contournent, ressortent derrière moi à petit pas et tranquillement sÂ’éloignentÂ…
Je suis un homme comblé et heureux. La nature m'a fait un beau cadeau ce matin. Ne tardons plus ici, et sache Crocblanc accepter ce court lapse de temps passé avec les loups ! Tu es choyé par la nature. Merci.
PS : Effectivement mes photos ne sont pas trop bonnes, problème de pellicule et dÂ’un homme un peu nerveux sur lÂ’instant, donc les images sont floues.Vendredi 30 juillet.Je ne peux accepter la défaite de mes photos ratées ! JÂ’ai acheté un nouveau film et suis à nouveau de retour dans les bois au même endroit ayant, bien entendu, au préalable fait ma petite tournée vers la tanière toujours vide mais toujours avec les débris déplacés à chaque matin de veille. JÂ’ai un 36 poses et là pas question de rater mes photos.
Pour remercier les loups de leur bonté dÂ’accepter ma présence, je leur rends avant tout un petit service, jÂ’enlève les crottins de loups qui traînent dans les sentiers. Je ne veux pas que les braconniers ou pseudo connaisseurs du loup qui le prennent par ignorance pour un tueur dÂ’homme ou pour un pigeon dÂ’argile, viennent se pratiquer sur ces merveilleuses bêtes qui me dictent la façon dont lÂ’homme devrait se comporter avec la nature. Les loups me donnent une bonne leçon de vie.
La nature, nous la partageons ; elle ne nous appartient pas. Quel bonheur ils me donnent de la partager avec eux ! Ce matin je me sens loup. Je décide de ne pas rester debout devant eux car cela semble leur donner lÂ’impression que je suis un danger dominant. Je mÂ’accroupis donc pour être de même hauteur quÂ’eux et aussi pour une meilleure tenue de lÂ’objectif de ma caméra. Cette fois-ci le moteur est bon ! Je suis prêt. Je leur fais mon plus joli hurlement que je connaisse. Du premier coup, yessss, ils arrivent. Je lÂ’entends cette meute accourir. Pourquoi courent-ils ainsi à mon hurlement ? Sans doute quÂ’ils attendent leurs parents qui sont partis à la chasse, six louveteaux ça bouffe. Ils sortent devant moi et cette fois-ci pas à dix pas, mais à moins de deux mètres. Ils semblent hébétés de s’être encore une fois fait jouer un vilain tour, mais semblent bon perdant. Je prends photos 1-2-3-4-5-6-7. Stop! ils avancent vers moi ils sont maintenant trop prêts pour que je puisse prendre des photos et je dois être attentif à mes gestes pour ne pas quÂ’ils les interprètent comme une provocation.
JÂ’étudie le comportement du loup depuis fort longtemps et fais parti de quelques forum de discussion sur le loup depuis quelques années. JÂ’ai aussi étudié le comportement animal à lÂ’Université vétérinaire de St-Hyacinthe, cours non complété, mais enfin toujours mieux que rien. Je suis en amour avec cet animal depuis de nombreuses années il me fascine.
Donc les voilà qui me sentent sniff sniff sniff. Veulent-il une oreille ? Non ! Ils mÂ’entourent et un qui semble être le grand frère me fait quelques mouff ! mouff ! Genre dÂ’aboiement étouffé car le loup, contrairement au chien et au coyote, nÂ’aboie pas. Il semble un peu frustré de la situation et décide cette fois-ci de passer directement à côté de moi en me frôlant, peut-être sa façon de vouloir me dire : "Toi-là tu cesses dÂ’accord ? "
Ils sÂ’éloignent lentement en descendant une pente. Encore à quelque pas de moi ils sÂ’assoient et décident de mÂ’entonner en cÂœur un hymne à la joie. Ils hurlent ! Je suis heureux, je les écoute quelques minutes. Le concert est terminé, ils sÂ’éloignent dans la forêt et je quitte, comblé encore une fois de cet instant magique.
JÂ’ai mes photos..Vendredi 06 aoûtVoilà une semaine dÂ’absence déjà mais je suis de retour ce matin. JÂ’enlève en tout premier lieu les crottins de loups, je suis à nouveau devant la tanière. Rien comme toujours mais lÂ’on voit bien que la terre au pied de celle-ci est fraîchement retournée. Je me dirige avec nervosité vers le sentier opposé. Il est devenu le sentier de mes rêves, mes passions, mon sentier préféré.
Ma conjointe m'a fait promettre de ne plus appeler les louveteaux de peur quÂ’ils se socialisent à l’être humain, ce qui leur sera sûrement fatal un jour ou lÂ’autre. Elle a raison je le sais, je dois mettre mon orgueil de coté pour leur survie.
Jamais en Amérique du Nord, une attaque de loups contre lÂ’homme a été officiellement inscrite aux registres du ministère de la faune. Certains vous affirmeront le contraire mais ne savent habituellement pas faire la différence entre un loup et un coyote. LÂ’homme sÂ’acharne par ignorance à tuer cet animal qui lui rend le service de chasser les animaux faibles et malades.
Donc ce matin je ne hurlerai pas, je vais attendre patiemment quÂ’ils passent dans les parages. Je mÂ’enfonce à pas feutrés comme toujours dans le bois, je vais mÂ’installer à mon endroit préféré me dis-je. Je nÂ’ai fait que quelques mètres, au loin à ma droite, à travers les branches de la forêt un tronc dÂ’arbre dÂ’une couleur non familière attire mon attention. Hummmm ! Un tronc dÂ’arbre a tÂ’il deux mignons petits yeux ? Je suis debout, il est debout, nous nous examinons mutuellement, il descend son regard plus bas dÂ’une branche pour mieux me voir, je fais de même je lÂ’imite. Il recule dÂ’un pas, je recule dÂ’un pas, il remonte la tête je fais de même, il semble être seul, il avance vers moi, je décide de mÂ’accroupir.
Il est maintenant devant moi à cinq pas, il prend une brindille dans sa gueule, la déchiquette, sans doute veut-il mÂ’avertir comment il est féroce, je ris en silence, il recule, avance à nouveau, et cette fois-ci prend une branche beaucoup plus grosse quÂ’il me semble impossible pour lui de transporter. Il est évident quÂ’il me montre comment il est fort. Il sÂ’enfarge, perd pieds, et fait deux tours sur lui-même, surtout ne pas rire, il pourrait mal le prendre.
Notre rencontre entre lui et moi a duré une heure environ. JÂ’ai cru bon de quitter les lieux, je le socialise, danger pour sa survie contre lÂ’homme. La seule possibilité de la survie du loup est sa peur de lÂ’homme. Les loups sont des créatures naturellement timides et curieuses qui suivent souvent silencieusement la piste des êtres humains, non pas pour leur faire du mal mais parce qu'ils veulent simplement savoir à qui appartient cette odeur et ce que l'étranger fait sur leur territoire.
Pour une possible survie contre lÂ’homme, je lui fais peur. Il est évident quÂ’il ne comprend pas le pourquoi de la chose et insiste en me suivant dans le sentier pour jouer avec moi. Je suis plus dur avec lui, sans lui faire de mal bien sûr. Je cours à pas qui cognent le sol pour lui démontrer le danger. Il finit par quitter les lieux. JÂ’entends la meute lÂ’interpeller, good il nÂ’est pas seul. JÂ’avais le sentiment d’être surveillé, je ne mÂ’étais pas trompé.
Mes photos ne sont pas très bonnes, ça bouge des louveteaux !Mardi 17 aoûtCe matin est mon anniversaire de naissance, je veux me faire un cadeau. Je me lève tôt comme toujours, je vais voir mes loups. Je sais, je sais, je suis égoïste, mais cÂ’est ma fête non ? Je roule en 4x4 vers mon petit rêve, vers mon lieu de pèlerinage, vers mon moi intérieur, je me retrouve en eux. Avant même dÂ’arriver sur les lieux à environ 1 demi-kilomètre, se trouve une plaine. Ils sont là . Ils sÂ’enfuient en montant la colline pour atteindre le sommet. Je stationne mon véhicule.
JÂ’attends un peu. Le sol ici est sablonneux. Des traces de loups il y en a en quantité industrielle, des crottins aussi, cette fois-ci compactés et plein de résidus de bleuets. CÂ’est la saison de la récolte et la région fournie ce fruit dont se délectent aussi les ours noirs. Je conclus que les loups sont végétariens à leurs heures. JÂ’atteins tranquillement à pied le sommet de la plaine
Onze jours que je ne suis venu. Ils sont là , cachés, éparpillés sur cette plaine derrière de petits arbustes et herbes qui ne les dissimulent quÂ’Ã demi. Ils ont bien changé, perdu leur fourrure de louveteau. Leur nouvelle fourrure me fait penser à la tête dÂ’un adolescent avec ses cheveux épineux.
Le plus près se trouve à environ 100 mètres.
Il est couché dans lÂ’herbe, faisant semblant dÂ’ignorer ma présence, regardant vers dÂ’autres directions. JÂ’avance lentement sur cette plaine à découvert. Il me regarde, jÂ’arrête, il détourne le regard, jÂ’avance. Après quelques minutes je détourne les yeux pour scruter lÂ’horizon. Où sont les autres ? Je mÂ’imagine seul avec les loups. Surprise au loin (200 mètres) un grand orignal mature, avec son majestueux panache, mÂ’examine aussi du regard. Il quitte calmement les lieux et sÂ’enfonce dans la forêt.
Je suis à 10 mètres du louveteau. Il se lève, sa curiosité lÂ’emporte. Il sÂ’approche, je mÂ’accroupis, je prends quelques photos. Il est maintenant à portée, je lui tends la main. Avec nervosité et plusieurs hésitations, il frôle et mouille le bout des mes doigts avec son nez humide pour me sentir, recule brusquement de deux mètres et grogne. Je retire ma main, lui tends la seconde. Il avance à nouveau, la sent, grogne et quitte à la course. Il sÂ’éloigne et va rejoindre la meute qui me surveille au loin, environ 100 mètres. Je suis heureux car il a senti le danger de lÂ’homme.
Je fais ma tournée en véhicule, mÂ’arrête pour enlever les crottins du chemin forestier et je quitte les lieux. Je vais chez un spécialiste en photos pour lui commander un doubleur 2X-7éléments automatique pour mon zoom de 100-300mm. CÂ’est ma fête après toutÂ…
Je ne retournerai là bas que pour enlever les crottins, contre le pistage. En espérant que mon expérience avec les loups, passée, présente et future, apportera par mes écris une meilleure compréhension de cet animal qui ne demande quÂ’Ã vivre librement dans son royaume la forêt.
PS : Il est évident que, comme toute autre bête, le loup si atteint de la rage comporte un danger de même que si sociabilisé à l’être humain.
Certains attendent une vie durant afin dÂ’apercevoir, ne serait-ce que dÂ’un bref coup dÂ’Âœil, ce Seigneur de nos forêts, le loup. À moi, il est venu dans toute sa beauté et son mystère qui font de lui, ce magnifique fantôme de la nature.
Pour un bref moment, il mÂ’a permis de lÂ’observer et dÂ’entrer dans son univers. Merci, LOUP dÂ’avoir partagé avec moi ta grâce et ta sagesse, merci dÂ’avoir posé ton regard sur moi, et dÂ’avoir confondu pour un court instant, ton monde avec le mien.
Pour un bref moment, le temps sÂ’est arrêté et ce moment sera gravé dans mon cÂœur à tout jamais.
Que la nature te protège et te permette de vivre jusquÂ’Ã la fin des temps.
Crocblanc21,
Lac St-JeanPour voir mes photos avec les loups voici le
http://www.la-meute.loup.org/album/index.php?cat=10505' target='_blank'>LIEN
