Entièrement d'accord yuka :-o
Moi la première, j'ai mis longtemps avant d'oser aller parler avec mon copain alors que c'était quand même le pianiste de ma chorale (et moi j'étais en première ligne, à 2m de lui), et puis quand j'ai ôsé, tout s'est enchaîné le plus facilement du monde ... mais bon, les personnes handicapées sont commes les autres, certains sont très ouverts, bavards et décomplexés (comme lui) alors que d'autres sont plus renfermés, ce qui n'aide pas :blush:
D'ailleurs j'ai des anecdotes croustillantes :-D
La première fois où j'ai été seule avec lui (c'était avant un concert dans une salle des fêtes), il m'a demandé si je savais où étaient les toilettes. Moi "ben oui, j'en viens !". Lui "super ! tu peux m'emmener stp ?". Là, j'ai eu un grand moment de solitude .... Comment on guide un aveugle :crying:

(à cette époque, il n'utilisait plus la canne car il y avait toujours qqun pour le guider, et il n'avait pas encore de chien).
La salle était très sombre et j'y suis allée au feeling. Sans le savoir, c'était la première fois que quelqu'un n'en faisait ni trop ni pas assez (sauf sa soeur) et il m'a dit qu'on aurait dit que j'avais fait ça toute ma vie :embarras: !
En fait, j'ai juste marché normalement (pas à 2 à l'heure), prévenu quand il y avait des marches et je l'ai arrêté devant la porte des toilettes

(il paraît que certains croient qu'il faut rentrer dedans avec lui :rire: !). Après, j'ai juste attendu qu'il sorte et je lui ai indiqué le lavabo et le séchoir ... logique vous allez me dire ! Mais non, souvent les gens n'osent pas en pensant qu'il va pas y arriver ...
Bref, c'est compliqué dans la tête des gens :blush:
Autre exemple vendredi dernier : pour la première fois, je l'ai emmené à la soirée annuelle de ma boite (où les conjoints sont invités). Les autres années, j'ôsais pas trop, justement à cause du regard des autres justement (mais ce regard, c'est plus moi que ça gêne, lui il est du genre zen), et en plus c'était toujours des soirées dansantes les autres années :-( , ça aide pas ...
Cette année, j'ai franchis le pas, d'abord parce que mes collègue le connaissent et pas mal de monde sait que je vis avec un non-voyant, en plus mes copines (collègues) m'ont poussé un peu :-)
Bref, on était 80 personnes dans un resto hyper classe, avec les grands patrons de la boite :huh:
Finalement, le tri s'est fait tout seul ... j'ai pas ôsé aller dire bonjour à tout le monde, mais beaucoup sont venus à nous et ça s'est super bien passé (il a même sympathisé avec mon chef qui fait du cheval et aime la musique) :flowers:
Par contre, ce qui a été difficile, c'est que les plats étant présentés de façon très originale (immenses assiettes, et plein de petites choses dedans), j'ai dû lui préparer ses plats pour pas qu'il envoie valser les Saint-Jacques ou qu'il cherche pendant une heure le petit morceau de pigeon (avec un os :biggl: ) sur un toast de je-ne-sais-quoi :chris:
Enfin, le truc le plus dur à encaisser pour moi, c'est quand je vois que quelqu'un l'observe attentivement en se demander comment il fait techniquement pour manger ... et forcément, il y a toujours un faux pas (genre une fourchette vide qui arrive à sa bouche) ... et là, je vois quand même de la pitié dans le regard des gens ... et ça c'est pénible, surtout quand ça vient d'un pote :ermm:
J'imagine de la même façon les gens en train de regarder la personne paraplégique se faire porter pour monter à cheval, et se dire "ah le pauvre", alors qu'une fois en selle, la différence est moins "visible".
Bref, c'est quand même chiant le regard des gens, et j'admire mon copain qui s'en fout royalement :flowers: