Ce soir, les amis, j'ai pas monté à cheval.
Nan.
J'ai fait de la musculation.
D'ailleurs je pense que je vais m'inscrire dans une salle de gym, parce que niveau biceps, Elfik, c'est pas trop ça ...
Je vous raconte?
J'arrive donc au club avec Marine qui est encore venue voir des chevaux, et j'espère pas secrètement que, la prof régulière étant en vacances, ça sera l'autre monitrice que j'aime bien qui fera cours. Loupé, c'est l'élève mono, Little J. (big up aux fans de Gossip Girl) Direction, la feuille de cours : je monte Nova. Nova, c'est une grande jaune à grosse tête, un genre de Queen Mary mais alezan, SF de 7 ans, assez verte dans le travail, qui est arrivée il y a un mois environ.

En arrivant au box, elle a la tête dans la gamelle et me dit avec ses oreilles "casse-toi je mange". Mais oui grande saucisse, je sais que tu sais que je vais te préparer et te monter, mais finis tes granulés en paix je te les piquerai pas va! (c'est trop pas bon)
Je me mets debout à côté, je toise au sommet de la tête 1m70 tout rond. Son garrot culmine à 5 cm au-dessus de ma tête. Aie. En conséquence, je mets mes chaps en posant mes pieds sur une barrière qui doit faire 1m30, en espérant que ça m'assouplira pour grimper là-haut. Que dalle, j'en ai chié, et en plus elle a pas de crin pour se hisser. Dieu qu'on est haut, là-dessus!
On m'a prévenue : "elle a la bouche dure". Je l'ai vue à l'oeuvre : elle a des foulées d'environ 40m. Elle avait l'air froide à la jambe, aussi, et avec un équilibre presque digne d'un poney fjord des familles. Tout ça, c'est vrai. Par contre, heureusement, elle est gentille, et confortable, et merci la cravache, une petite leçon de jambes et ça va mieux. J'entame ma détente au pas en lui demandant beaucoup de flexions d'encolure, des arrêts avec des cessions de mâchoire et nuque, des variations dans l'allure, pour l'obliger à se tenir. Je n'impose pas de mise en place, vu l'équilibre désastreux, et ça manque pas, très vite je me fais reprendre "Mets-la ronde et en place, raccourcis tes rênes!" Je m'empresse de ne pas m'exécuter, évidemment, et continue à travailler comme je l'entends. Ca marche pas trop mal, d'ailleurs... On commence la détente au trot, je la laisse s'étendre, se délier, une mécanique comme ça tu penses! faut bien que ça se mette au boulot. Elle est irrégulière à main droite, tiens... Mais une fois consultée, l'autre mono dit qu'en fait, c'est normal, c'est le temps que ça chauffe, et après ça passe. En effet, ça passe, je commence à compacter un peu la bête, à la plier sur des spirales, j'envoie sur les longueurs je reprends sur les largeurs, elle est confortable, pas trop mise en main mais se tient mieux, répond mieux à la jambe, c'est un bon début. Je me fais ré-engueuler "mets-la en place!" cette fois je m'exécute parce qu'on me surveille, et paf je prends une tonne dans chaque bras. Ah bah oui elle est placée! Mais là je lâche on tombe toutes les deux...
Qu'à cela ne tienne, la FFE n'est que peu sensible aux cris d'agonie de mes doigts meurtris.
On attaque les exercices du jour. En apéro, au pas et au trot, "mesdemoiselles en cercle et sortez-moi ces hanches!" Bon, facile. Enfin. Nova se débrouille pas trop mal à main gauche, par contre à main droite, c'est la croix et la bannière, je peux m'appliquer à lui casser méthodiquement les côtes de mon talon intérieur, elle s'en bat. Je la prends donc sur un petit cercle, et lui fait faire un semblant de pirouette sur les épaules pour qu'elle comprenne ce que ça veut dire. Ah, ça marche! J'agrandis mon cercle à une dizaine de mètres, je lui inflige quelques flexions d'encolure pour que "lâche-moi ce putain de mors, Queen Mary!", tout en sortant les hanches à des degrés plus ou moins variables, histoire qu'elle comprenne un peu la vie... quant tout à coup "mais tu fais quoi là?" moi, candide : "ben, de la gym, elle est raide, je l'assouplis!" Miss FFE "mais c'est pas comme ça qu'on assouplit un cheval! L'exercice que je vous demande, par contre, ça assouplit!" Moi : "ah bon? mais si elle répond pas à la jambe, je fais comment?" Elle : "ben t'insistes!" De fait, je n'insiste pas, ça ne sert à rien, grommelle quelque saloperie entre mes dents serrées sur les blondes, les monos, la FFE, le dressage de cette pauvre girafe, les girafes aussi d'ailleurs, et je rentre dans le rang. Pardon d'avoir voulu essayer!
Arrive l'exercice suivant : rentrer les hanches dans le cercle en conservant l'incurvation. En clair, un début de tête au mur, qui est l'exercice que l'on va travailler après (mais sans le mur). Au pas, ça va, au trot, j'ai beau essayer toutes les techniques que je connais, même en gardant la jument droite, elle est trop raide, se braque contre le mors même si je relâche la pression, ignore royalement ma jambe mon assiette mes supplications, bref : ça passe pas. Little J. me crie : "déplace ton assiette dans la direction qu'il faut, et raccourcis tes rênes!". Pour faire mon brave petit soldat, j'empoigne mes rênes à bras le corps, plaque la jument dans une espèce d'incurvation débile, et me tord sur ma selle dans le sens du déplacement. "Ben voilà!" qu'elle me dit, l'autre. En trois lettres : L.O.L. On insistera pas, hein.
Puis, dernier exercice de la séance : demi-volte de 10m en E, arrivée en X marcher droit quelques foulées, changer l'incurvation, demi-volte jusqu'en B, de B jusqu'à la lettre suivante (puisqu'on le fera au deux mains) appuyer tête au mur, remise droit, départ au galop avant le coin. Bon, ben là, comme c'est que au pas, c'est relativement simple, ça laisse le temps à la gentille Nova (oui, elle est quand même bien brave cette bête) de décomposer le mouvement et de comprendre ce que je demande. De fait, je n'impose pas trop, je sens qu'elle commence à fatiguer, au galop (qu'elle a looooonnnnnng), un départ propre du pas, un cercle correct, un petit allongement, et je laisse là-dessus. Je prends alors le temps de souffler et fait connaissance avec des muscles dont j'avais plus ou moins zappé l'existence: mes biceps. Salut, les mecs, ça faisait longtemps!
Et je descends de cheval, brave bête Nova tiens du pain dur, mange! Et depuis je me pose cette question : comment on peut aimer monter à cheval quand il faut en permanence porter sa monture à bout de bras? Si j'avais écouté la FFE, j'aurais rejoint Arnold et Vin dans le clan des balèzes, à l'heure qu'il est. J'ai tout fait pour m'épargner, et épargner la bouche de cette pauvre jument qui n'a pas demandé quoi que ce soit à personne. Et alors qu'on s'en tirait pas si mal, à force de petites flexions, de jeu dans les doigts pour décontracter, de mouvements pour équilibrer, il a fallu monter au filet. Je comprendrai jamais...
Vivement 2011!!!