Le cheval fait partie de la famille des équidés, il est le plus adapté à porter l’homme, à tirer ses charges, il répond parfaitement physiquement aux critères de beauté de l’homme, mais il a surtout le caractère le plus aimable, car malgré sa force, qui peut lui permettre de tuer un homme facilement, le cheval a la politesse et la gentillesse d’accepter l’homme sur son dos depuis des milliers d’années afin d’aider l’homme a réaliser ses plus grandes conquêtes, comme l’écrit si bien William Shakespeare dans Richard III « Un cheval! Mon royaume pour un cheval! », lorsque le personnage éponyme est achevé ; le cheval apporte aux grandes batailles un côté grandiose, féérique et fantastique, une valeur forte de bravoure, car rien que pour monter et tenir sur un cheval il faut un certain cran et pour réussir à dompter autant de force et autant de vitesse par rapport aux capacités de l’homme également.
Le cheval est dans toutes les cultures, en Asie les Mongols ne jurent que par cet animal, mais on le retrouve aussi dans les contrées Arabes où il a une place majeure, où l’on compte d’ailleurs la légende du pur-sang arabe, la race la plus pure qui existe encore « Allah dit au vent du sud : « Je vais faire de toi un être nouveau qui deviendra la gloire de mes élus et la terreur de mes ennemis ». Il prit une poignée de vent et il en créa un cheval auquel il dit : « Je t’ai créé arabe, j’ai attaché aux crins de ton front les succès, j’ai mis sur ton dos la richesse des butins… Je t’établis roi des quadrupèdes domestiques… Dans l’avenir je mettrai sur ton dos des hommes qui adoreront ma majesté, qui célèbreront ma grandeur… » Alors, le cheval bondit de l’espace. »
Le Coran, cité in L’Art de la fantasia
Une autre légende Arabe raconte qu'après un long et pénible voyage à travers le désert, Mahomet dirigea sa harde de chevaux assoiffés vers une oasis. Tous les animaux se mirent alors à galoper en désordre vers le point d'eau et Mahomet leur donna l'ordre de revenir vers lui. Seules cinq juments répondirent à son appel. Pour les récompenser de leur loyauté et d'avoir répondu malgré leur soif, il fit de ces juments ses favorites et les nomma Al Khamsa , ce qui signifie, les cinq. Ces juments devinrent les cinq fondatrices des cinq premières lignées du cheval pur-sang arabe Bien que Al Khamsa soient probablement des chevaux mythiques sans existence réelle, certains éleveurs de pur-sang arabes affirment que les montures modernes des bédouins descendent de ces juments.
Le cheval est synonyme de courage, de résistance et de force, il a gardé dans l’imaginaire collectif cette image de soutien de l’homme dans ses grandes conquêtes mais il est désormais synonyme de liberté, qui n’a jamais rêvé d’avoir cette sensation de vitesse sur terre à pleine allure le vent dans les cheveux et cette douce adrénaline qui vous remonte dans les trippes et le sourire automatiquement accroché aux lèvres par cette sensation de plénitude.
Le cheval a adoucit son image avec le temps, il est désormais un gros nounours, un ami fidèle, un désir de liberté, ou une envie de retourner au sauvage, aux racines de l’homme galopant a cru accroché aux crins de son cheval lancé a grandes foulées.
Comment l’homme a-t-il fait évoluer son approche du cheval à travers les époques ?
Nous verrons cette évolution de l’utilité du cheval par rapport à l’homme à travers trois grandes parties, premièrement par la vision guerrière du cheval, puis par l’appropriation de celui-ci dans le loisir après la révolution industrielle et notamment grâce à la femme, et enfin par le retour au désir de naturel des éthologues.
« La plus noble conquête que l'homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux cheval, qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats. »
[Georges-Louis Leclerc de Buffon]
C’est ainsi que l’on a représenté le cheval durant des siècles, et ce à quoi il a été utile, tant de gravures, tant de tableaux représentant des chevaux forts, puissant, guerriers, notamment Napoléon fier conquérant sur son cheval blanc cabré.
Cette époque des chevaliers laisse encore des marques sur notre équitation contemporaine, notamment le fait de monter toujours à gauche, car durant cette époque l’épée était portée à gauche et cela facilitait donc la monte de se positionner à gauche.
Cette image de cheval fort et valeureux il ne l’a pas volée car les chevaliers montaient leurs destriers avec une armure pesant plus de 25 kilogrammes, mais le destrier était un type de cheval adapté aux chevaliers guerriers, il existait également un type de cheval plus adapté à porter les charges comme le Palefroi, mais aussi le cheval de trait ou de bât et le coursier, qui étaient adaptés morphologiquement à leur « travail ».
Le fer à cheval a été développé durant cette période également, car il s’agissait surtout en retirant le cheval de son environnement naturel, le pré, et en le mettant dans une écurie c'est-à-dire immobile et restant dans son urine acide, de protéger les sabots de celui-ci de ces nouvelles agressions, car « pas de sabot pas de cheval », l’homme a donc inventé cette protection pour prévenir le pourrissement de la corne.
Il n’y avait pas réellement d’avancées techniques pour le cheval lui-même en ce temps, il était surtout question d’améliorer le confort du cavalier, par la selle, les étriers, les éperons, les mors, le fer à cheval n’étant qu’un moyen de faire tenir le cheval plus longtemps, son bien-être réel n’était pas au centre des priorités.
En cette époque, les femmes montaient déjà à cheval afin de suivre leurs époux sur de longs périples, pour des pèlerinages religieux et multiples autres raisons, le cheval n’était donc pas réservé à l’homme.
Le cheval a ensuite été remplacé durant la révolution industrielle, avec l’arrivée du train, et des grands moyens de transport, on aurait alors pu penser qu’il serait mené à disparaître.
« la plus belle conquête du cheval, c’est la femme »
[Alfred Jarry]
Paradoxalement, le cheval qui a servit l’homme durant des siècles pour ses grandes conquêtes, devient par la suite le fier compagnon des femmes.
Le cheval est le troisième animal préféré des français, au XXIème siècle 90 pourcent des cavaliers sont des femmes, il ne s’agit plus d’utiliser le cheval afin de décupler sa force et ses capacités à parcourir de longues distances, le cheval devient sentimental, son image se fait plus douce, l’arrivée des races comme le Poney Shetland y participe également beaucoup, les femmes pouvant désormais pratiquer le loisir de monter à cheval avec leurs enfants.
On parle désormais d’équitation comme un sport et un loisir, d’abord élaboré par les militaires, elle se démocratise et s’étend petit à petit à tous, des centres équestres se développent dans toutes les villes vers les années 1970.
Les femmes ont une approche douce du cheval et passent des heures à s’en occuper tandis que les hommes ont plutôt pour habitude de se contenter des obligations du sport, c’est pourquoi on retrouve une majorité d’hommes dans les disciplines sportives à haut niveau comme Rodrigo Pessoa ou la famille Whitaker.
Elles ont contribué massivement à la continuité de l’élevage de chevaux et l’équitation de sport en général a établit de nouveaux standards chez les chevaux ; il y a désormais nombre de disciplines dans l’équitation nécessitant autant de morphologies de chevaux différents et donc de standards, des chevaux au poitrail développé et musclé ainsi que la croupe pour l’équitation western très proche du sol, des chevaux plus fin et secs pour les courses, des chevaux fin mais musclés du dos et aériens pour le saut d’obstacles, des chevaux souples et fins pour le dressage…
On développe alors des techniques plus adaptées aux sports pratiqués mais aussi au confort du cheval et améliorant ses conditions de vie et de sa santé, les femmes passant leur temps à les chouchouter les chevaux deviennent alors surprotégés.
Le cheval devient un compagnon permanent, dans toutes les écuries on voit des adolescentes travailler dans les box le matin et monter à cheval gratuitement l’après-midi afin de pouvoir être proche de cet animal le plus souvent possible, être à côté devient aussi important qu’être dessus.
Il ne s’agit plus de le respecter mais de l’aimer réellement et de l’assimiler à un humain comme les autres, ce qui peut amener à des dérives comme l’est le « toy horse » un cheval miniaturisé à la taille d’un chien, mais qui reste un cheval avec des besoins d’équidé.
« Quand l'homme eut inventé la selle, il s'aperçut que le plus gros restait à faire : rattraper le cheval. »
[François Cavanna]
C’est alors qu’entrent en jeu de nouveaux penseurs de l’approche du cheval, le retour de l’homme en partenariat avec la femme par l’éthologie.
L’éthologie consiste à revenir à une approche naturelle du cheval, plusieurs représentants de cette nouvelle philosophie se démarquent, Dr Helmut Stammsen par exemple, un des premiers à avoir étudié les chevaux dans leur état naturel. L’éthologie consiste à trouver un moyen de dresser le cheval de façon à le respecter dans sa façon de fonctionner en troupeau et en tant que proie herbivore et non plus de venir en humain conquérant forcer le cheval à plier sous l’éperon et la cravache.
Un éthologue doit être doté d’une extrême patience, de douceur, il doit être très observateur, et il doit être capable de prendre du recul sur sa nature propre d’humain prédateur, il doit se mettre au niveau du cheval et s’adapter à lui plutôt que le contraire.
La démocratisation de cette technique d’approche porte plusieurs noms, en France il s’agit des nouveaux maîtres, aux Etats-Unis il s’agit de whisperers, les chuchoteurs, popularisés par le film « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux » de Robert Redford, sorti en 1998, ces chuchoteurs dans la réalité sont représentés par des grands noms comme Ray Hunt et Tom Dorrance, ensuite sont venus Elisabeth de Corbigny, Monty Roberts, John Lyons, Buck Brannaman et bien-sûr, Pat Parelli.
La base de l’éthologie est l’observation des chevaux et de leur rang dans leur troupeau, de leur comportement les uns envers les autres au sein de ce même troupeau, des raisons de leurs agissements en bref de leur attitude naturelle avec leurs congénères.
On apprend alors que les chevaux sont grégaires, qu’ils ont besoin du contact avec les leurs, un cheval ne doit donc jamais vivre seul en box, ou même seul dans un pré très éloigné d’autres chevaux.
Il y a une relation de dominant/dominé dans un troupeau, les jeunes étant dominés par les vieux qui ont l’expérience, l’homme dans son éducation du jeune cheval prend alors le rôle d’un congénère dominant et qui détient le savoir de son environnement, il n’y a donc besoin d’aucune force lorsqu’un cheval vous prend pour son dominant, car si vous êtes dominant c’est que vous avez prouvé que vous pouviez conduire le troupeau, le cheval vous fait donc confiance et accepte d’apprendre avec vous.
Cet apprentissage dans l’éthologie passe par des séries d’exercices d’abord à pied, en liberté, puis en licol, un licol adapté à cette pratique a été élaboré, il est utilisé pour la monte mais aussi pour des exercices à pied, et enfin ce qui aura été appris à pied sera repris à cheval, l’éthologue utilise beaucoup sa voix et agit par pression sur le corps du cheval en premier lieu puis petit à petit il suffit de montrer au cheval la partie de son corps à déplacer pour qu’il le fasse de lui-même.
L’éthologie épure totalement l’équitation classique qui par la femme s’encombrait de matériels en tout genre et totalement superflus, tendant plus à fragiliser le cheval par surprotection qu’autre chose, l’éthologue lui mettra son cheval dans un pré plutôt qu’un box, le maximum de la journée, il osera le faire marcher sur des cailloux et lui enlever ses fers afin que le sabot redevienne dur et solide, et non plus sensible et fragile ; l’éthologue va éviter le mors, mais garder la selle, car elle permet plusieurs points de pression sur le dos et elle répartie le poids ce qui est bénéfique pour le dos du cheval.
L’éthologie apporte au cheval sa vraie valeur, car il n’est plus le gros nounours de maman, l’anthropomorphisme pouvant mener à sa perte, au contraire le cheval devient respecté par l’homme, l’éthologue fonctionne avec le cheval comme un autre cheval, il a donc le même langage corporel, il y a un principe important en éthologie, « chacun sa bulle », c'est-à-dire que chacun doit garder son espace vital autour de lui, si le cheval entre dans notre bulle sans nous avoir demandé par langage corporel avant, par exemple en essayant de mordre ou de taper et en baissant les oreilles, il faut lui mettre une claque immédiatement dans la seconde qui suit tout comme le ferait un congénère dans la nature, il y a donc une relation de respect qui s’instaure, le cheval ne fait donc plus de caprices et l’éducation se fait en douceur dans le respect de chacun.
Cette technique ne connait pas réellement de dérives pour le moment, mis à part certains extrémistes de la méthode, qui par exemple enlève la selle alors qu’elle est utile pour garder en bon état le dos du cheval, mais ils sont rares, l’éthologie est cependant à prendre avec des pincettes car elle requiert toutes les qualités citées ci-dessus mais il ne faut surtout pas brûler les étapes, d’où la patience, il faut un an pour un cheval afin qu’il ai de beaux pieds une fois les fers enlevés par exemple, entre-temps il subira la boiterie et bien d’autres inconvénients, mais il faut aussi respecter des règles strictes pour établir cette relation, sinon autant le chouchouter avec une ribambelle de produits.
Pour conclure, nous pouvons donc voir que la vision et l’utilisation du cheval a travers les siècles à énormément évolué dans le bon sens, le cheval ayant été longtemps utilisé pour sa force et sa vitesse durant la guerre ou pour sa force au travail et en tant que moyen de transport, a grâce à la révolution industrielle connu le confort et attiré l’attention des femmes, et enfin cela menant à des excès le monde du cheval se recentre désormais sur une nouvelle approche plus naturelle, en début de croissance, du cheval, l’éthologie, qui fait passer cette relation au cheval d’une relation sentimentale, affective, le cheval aimé, au cheval respecté et considéré en tant que cheval naturel.
