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www.francesoir.frLe jour de sa disparition, Christine Hulne quitte son domicile de Villiers-le-Bâcle, peu avant 9 heures. Elle gare sa Citroën grise dans la cour de l’écurie, à une dizaine de minutes de là, et s’apprête à préparer sa monture, Berlioz. Le maître des lieux, Gérard de Castilla, 87 ans, est déjà à la tâche. « Christine connaît très bien mon mari, raconte Mme de Castilla. Elle est venue l’embrasser pour lui souhaiter la bonne année. » Mais aussitôt, le vieux cavalier averti la met en garde. « Moi, j’étais encore au lit, reprend l’épouse de celui-ci. Je ne l’ai pas vue, mais Gérard lui a dit de ne pas sortir car les sols étaient détrempés et certains terrains encore gelés. Mon mari connaît parfaitement le comportement des chevaux. Et dans ces conditions, l’animal peut glisser. » Un conseil que la « petite », comme l’appellent affectueusement les Castilla, n’a pas écouté. Coiffée d’un bonnet blanc surmonté d’une bombe noire, elle a expliqué à l’éleveur qu’elle allait « faire une sortie plus longue que d’habitude », car elle se sentait « fatiguée ». Surmenée par trop de travail, Christine Hulne a même décidé de laisser son portable chez elle. « Elle nous a dit qu’elle ne serait pas dérangée par son téléphone au cours de sa promenade », ajoute Mme de Castilla.
A l’heure de midi, ne voyant toujours pas revenir la jeune femme, Gérard de Castilla a commencé à s’inquiéter. « Il a appelé sa famille en lui demandant de prévenir les gendarmes, poursuit la vieille dame. Mais Christine avait sans doute dit à ses proches la même chose qu’à nous. » L’alerte ne sera donnée qu’à 18 heures. Aussitôt, un important dispositif de recherches est mis en place par le groupement de gendarmerie des Yvelines. Mais l’angoisse grandit quand le cheval est retrouvé, dès le lendemain, sans sa cavalière, dans le champ d’Anne, une commerçante du vieux village de Magny-les-Hameaux. Aussitôt, cette dernière fait un rapprochement capital. « J’ai dit aux gendarmes que c’est le même cheval que j’avais croisé la veille, aux alentours de midi, rapporte-t-elle. J’arrivais chez moi en voiture, quand j’ai dû m’arrêter pour laisser passer une cavalière, coiffée d’un bonnet blanc, marchant en tenant son cheval par la bride. L’animal n’était pas nerveux mais très tonique. Ça m’a interpellée. » Christine, partie avec un sac à dos, serait donc revenue au village trois heures après son départ des écuries.
Etrange rencontre
Que s’est-il alors passé après le retour de Christine Hulne à Magny-les-Hameaux ? Pour les enquêteurs, toutes les hypothèses sont envisageables. Des témoignages, les gendarmes de la brigade de Magny-les-Hameaux, aidés par la Section de recherches de Versailles, en ont recueilli quatre-vingts depuis l’annonce de la disparition de l’infirmière. Mais pas plus les appels d’habitants de la région que les vastes battues, organisées avec le concours de 250 militaires et de dizaines de bénévoles, n’auront apporté le moindre résultat.
Très serviable et appréciée de sa clientèle à Palaiseau, ce petit bout de femme dynamique montait aussi régulièrement à cheval avec son père, Pierre, pour qui la thèse de l’accident ou du suicide est exclue. « Pour lui, sa fille a été enlevée », atteste, effondrée, une voisine et amie de Christine Hulne. La cavalière aurait-elle été victime d’une mauvaise rencontre ? Le propriétaire de la pension de chevaux de la Vallée de Chevreuse qui, le premier, a recueilli le cheval égaré, non loin du haras de Gomberville, se pose aussi des questions : « Le secteur est vallonné, mais ce n’est quand même pas la montagne corse, explique Jean Smadja. Il se peut qu’elle soit descendue de cheval. Quand on prend un sac à dos, en général, on part avec un sandwich. Elle aurait pu, dès lors, s’arrêter pour pique-niquer. »
« Il faut continuer à chercher… »
Autre élément troublant, selon l’éleveur, la bride de la bête a été retrouvée détachée du licol. « On aurait dit qu’elle avait été abandonnée attachée et que, à force de tirer sur sa bride, elle avait réussi à s’échapper. » L’éleveur, chez qui l’une des filles de Christine Hulne prenait des cours d’équitation, s’interroge aussi sur la selle de Berlioz. « Elle était complètement gelée, ce qui suppose qu’il avait perdu sa cavalière depuis un moment. » Berlioz a-t-il « perdu » Christine Hulne ou, pour une raison inconnue, cette dernière a-t-elle été obligée de le laisser au centre du village, peu après y avoir été aperçue par un témoin ? Son séjour à cet endroit, la journée du dimanche, puis la nuit qui a suivi, expliquerait alors le gel de sa selle…
L’appel à témoin, lancé mardi soir, permettra peut-être d’éclaircir tous ces points troublants et d’apporter enfin une réponse au mystère de cette disparition. En attendant, les recherches se poursuivent encore ce week-end. Un vaste élan de générosité s’est déclenché de Saint-Quentin-en-Yvelines à Gif-sur-Yvette, où des marcheurs ratissent, pas à pas, dans le froid, les bois de la région. Lors de la cérémonie des vœux, à Villiers-le-Bâcle, la commune où habite Christine Hulne, jeudi soir, le maire a lancé un appel à la mobilisation. « Il faut continuer à chercher… », a-t-il lancé aux habitants.
Le même jour, une perquisition avait lieu aux Ecuries de Gomberville, ainsi qu’au domicile de l’infirmière. Sans résultat. « Mon mari l’aimait beaucoup, répète, affligée, Ghislaine de Castilla. Elle s’en était beaucoup occupée quand il était tombé malade. Aujourd’hui, il s’en veut de l’avoir laissé partir. Quand le cheval est revenu à l’écurie, il était extrêmement nerveux. Si cette bête pouvait parler… »