Savoir laisser le temps au temps...Voilà une philosophie difficile à pratiquer, mais pourtant, j'en ai récolté les fruits hier...
Cela fait 5ans et demi que j'ai Jazz, mérens de son état. Il m'a été vendu comme étant un cheval grégaire, ne supportant pas d'être seul. Une grosse chute m'a permis de le vérifier un mois après son achat... Les promenades en solitaire dont je rêvais se sont alors envolées...J'avais donc pris le partie de ne jamais le monter seule en dehors d'un endroit clos, relativement sécurisé. Et encore en promenade en groupe, Jazz reste parfois délicat, impatient et il chauffe à la moindre occasion...
Pourtant, les balades en main ou en longues rennes, juste lui et moi, ne posaient plus de problèmes depuis pas mal de temps...Quelques fois, je l'avais sellé en partant pour une balade en main, mais souvent je restais pied à terre...Et quand un courage immense m'étreignait je le montais sur une centaine de mètres sur un chemin et descendait une fois de retour sur la route...
Hier, je l'ai donc sellé comme ces autres fois, sans a priori. Nous avons longuement marché sur la route, moi à ses cotés...Je prends un chemin que nous avons pris il y a bien longtemps...L'idée de le monter me trottait depuis le départ...J'essayais de garder les mains pas trop moites, que mes doigts ne se crispent pas trop sur les rennes...Une fois sur le chemin, une longue inspiration plus tard, je me decide de grimper sur son dos...Jazz est très docile mais à peine suis je installée sur la selle, qu'il tente de trotter...Je le reprends avec un non ferme.
Ses oreilles sont bien pointées vers l'avant, le chemin fuit vers l'horizon...Je sens qu'il a envie de partir à une allure plus vive...Même si moi aussi tout cela me semble très tentant, je préfère rester au pas...Chose que l'on fera. Je garde contact avec la bouche mais pas trop...Car si j'ai le malheur de raccourcir les rennes d'un millimètre, Jazz trottine...Au bout du chemin nous rejoignons une petite route...je reste en selle, bien décidée à prouver "qu'on peut le faire"...Nous avons rencontré: Un tracteur (à l'arrêt) avec le gardien d'usine caché derrière son cabanon ...j'ai laissé le temps à Jazz de bien regarder...nous avons traversé le village malgré la tondeuse dévoreuse de bidet et les chiens grognards...
Enfin...au bout de 5 ans et demi, je peux dire j'ai fait une balade en selle, seule avec mon bon gros bidet...Je ne crie pas victoire, je sais juste qu'on peut le faire à présent.
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Pour beaucoup, cela peut sembler insignifiant, mais pour moi, c'est une grande victoire...C'est une victoire sur cette période de doute et de méfiance que l'on a traversé.Patience et persévérance ont pris tout leur sens hier.