Brizemur.
Questions pertinentes
il est certain que l'éducation équestre actuelle s'éloigne inexorablement des théories de nos grands maîtres Il y a une profonde différence de conception, d'exécution et d'appréciation entre l'équitation d'hier et d'aujourd'hui.
Tout un chacun est-il capable.... je vous répondrais que l'élève doit être guidé par un bon pédagogue qui se préoccupera en priorité de lui donner une représentation de l'animal aussi précise que possible afin d'éviter les égarements. Les conseils éclairés contribueront au plaisir intéressé de l'élève et feront peut-être paraitre une éventuelle intelligence équestre. Alors les actions seront opportunes pertinentes et efficaces parce qu'elles seront conduites par un élève dont le cerveau sera bien éclairé. tout cela dans le but de pouvoir contrôler les comportements du cheval et éventuellement les modifier. Maintenant l'éducation étant devenue plus mercantile que culturelle et tellement simplifiée, cette réduction l'a conduite à la régression. D'où cet antagonisme que vous évoquez, vous avez mon entière approbation.
Actuellement les équitations de dressage et western, le reining et le cutting sont basées sur la logique de soumission par la force. Elles forcent le mouvement, les attitudes, ne s'adressent pas aux bonnes priorités et n'évitent pas ainsi les grossières erreurs. Pour aller rapidement elles sont responsables d'importantes perturbations chez le cheval, suffisantes pour motiver les résistances lesquelles aboutissent aux subterfuges jusqu'à déclencher parfois des défenses. Certains trucs et combines qui abondent poussent les cavaliers à agir sans réfléchir aux conséquences de leurs actes telle que la pratique de l'encapuchonnement et la descente d'encolure permanente sans oublier le tic du coup de sonnette. Ces chevaux ainsi soumis sont inadaptés à leur nouvel environnements. On sait où cela méne, la médiocrité et la déchéance physique.
Nos grands maîtres par contre nous ont toujours proposé une équitation basée sur la logique de l'adaptation où le cheval n'est pas assujetti à une pression désorganisante comme par exemple la flexion de nuque avant tout. la logique d'adaptation informe l'animal, lequel modifie petit à petit son comportement jusqu'à ce qu'il ait trouvé celui approprié au nouvel environnement. Cette équitation n'aura de valeur adaptative que si elle respecte l'éthogramme du cheval. dans cette condition elle a toutes les chances d'être juste et salutaire. Evidemment cela demande de l'abnégation. le cavalier doit s'adapter au cheval en priorité car l'animal est son nouveau substrat, son premier référentiel. Il faut donc au préalable connaître suffisemment le cheval pour anticiper les subterfuges qui surgissent avec une certaine probabilité. Cette connaissance doit porter sur la biomécanique, la physiologie et les comportements du cheval. Une représentation aussi complète de l'animal conditionnera les comportements équestres du cavaliers, ses réussites comme ses échecs. Le cavalier peut alors se lancer dans le dressage du cheval lequel dressage désigne l'ensemble des processus d'apprentissage amenant une modification adaptative du comportement du cheval. On fait donc appel au conditionnement. Par l'attrait d'une récompense l'animal exécute ce qu'on lui demande. Cette récompense peut provenir d'une simple mise en cohérence avec son environnement, c'est à dire son adaptation.
La complication c'est la plasticité de l'aimal. Il peut prendre toute une panoplie de différentes postures plus ou moins justes ou fausses. Chacune de ces formes possédent des propriétés qu'il nous appartient d'exploiter en fonctions de nos objectifs et de la situation. Cette plasticité permet donc de procéder à la reconstruction posturale si la forme n'est pas appropriée, c'est à dire rendre conforme la machine à la fonction de portage. Bien sur comme je l'ai dit précédemment il faut se faire assister d'un maître compétent, rompu aux dificultés que présente le dressage d'un cheval afin de ne pas s'égarer dans des pratiques douteuses et sans lendemain et faire les frais de l'empirisme et de la médiocrité si l'on est mal conseillé. Dresser c'est aussi la construction de l'athlète cheval. Evidemment c'est un travail long, plusieurs années pour certains chevaux. Il faut prendre le temps qu'il faut, c'est un délai difficilement compréssible. Or dans la nouvelle évolution de la société qui a engendré la pédagogie équestre actuelle antagoniste avec celle de nos anciens, prendre son temps c'est perdre son temps. On veut tout rapidement dans ce système culturel, le reining en est l'exemple.
La limite de l'art intellectuel c'est lorsque le cheval se meut avec aisance, dans une gestuelle souple energique et brillante, cette limite est définitivement atteinte quand dans le couple cheval cavalier" l'effort est masqué par la grâce". On est alors proche de l'orgasme, rassurez-vous, spirituel.
Quant à l'intérêt, c'est l'immense bonheur, par le respect, le travail et l'intelligence d'acquérir le pouvoir d'améliorer et de pérenniser ce joyau athlétique que la nature nous a si généreusement offert. Pour son malheur peut-être. Puis de retransmettre ce pouvoir à ceux qu'ils le désirent. Ils sont malheusement rares mais ils existent.