Cheyenne> c'est une Qrevette arabe! :-D .
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Plantons le décor: dimanche dernier, je demande à Mélanie si ça la branche de partir le mercredi suivant avec Qrevette et moi, vu qu'elle ne trouve personne pour partir avec elle, car son cheval ne doit pas trotter ou galoper sur terrains durs, terrains qui entourent la pension.
Elle est partante. Petite précision; son cheval est un sacré morceau qui doit bien faire 1.80 au garrot, avec sûrement un petit coup de trait dedans. Taille des fers=5. Mais c'est une bonne pâte, un bon maître d'école.
Je vais pour travailler la Qrevette dans le rond de longe, mais celui- ci est fermé, car inondé (gros orage lundi, gros grêlons: la proprio de la ferme qui bosse dans les assurances me dit être exténuée: 90 dossiers en 48h sur son bureau et elle a hâte de rentrer chez elle, c'était sans compter sur moi).
Je le laisse alors détaché pendant le pansage, en travaillant l’immobilité et le touchemoipartoutsansbougeruneoreille, il donne ses pieds sans trop de soucis et je trouve même un de ses points G. Râ lovely, enfin une lèvre supérieure qui se tend. Un vrai toutou à sa mémère.
Autre précision qui a son importance : le vent de lève et il bruine.
Mélanie vient me voir pour me demander si elle peut emmener Boum, son Jack avec nous : il marche loin devant. Ben oui, bien entendu, ça va habituer la Qrevette (DE COM PO SE les difficultés Troutrou, DE COM PO SE !!!!!).
Nous v’là parti, à pied, sans travailler le montoir dans le rond de longe, puisqu’il est fermé. On grimpe tout en haut pour nous mettre en selle loin de la route et des voitures.
On passe devant le pré des juments, complètement hystériques :
« Hey, les copines, y’a David Douillet et Philippe Candeloro qui passent ! Haaaaaa j’les adore !!!! YOU HOU les mecs, on vous aimeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee !!! »
Gamin et Najaume sont forts intéressés par ces folles furieuses et on a du mal à les en décoller.
On se met dans le pré d’en face pour se mettre en selle. Mélanie propose de me tenir (et j’ai failli dire NON, je le sentais trop bien). Mais bon, soyons prudente, et Mélanie prend les rênes qui sont posées sur l’encolure de Najaume. Il ne connaît pas Mélanie et est un peu réticent vis-à-vis d’elle et se braque en arrière. Je n’y prends pas garde plus que ça, lui demande un pas en avant même s’il reste en légère tension. De plus, Mélanie est bien obligée de tenir les rênes de Gamin, qui est perpendiculaire à Najaume, devant lui. Boum le chien crapahute dans la patûre.
Je te secoue un étrier, je tapote dans la selle. J’avoue, j’ai même pas fait gaffe à l’attitude de la Qrevette. Et puis bon hein allez zou, forte de ma balade de la semaine dernière qui s’est bien passée, je monte de suite, sans même une simulation. Je ne touche pas la croupe, j’ai les rênes bien en main. Je chausse mon étrier droit. Tout va bien.
Je caresse l’encolure à droite et c’est là que les ennuis commencent.
Je le sais pourtant qu’à droite, même à pied, c’est plus sensible. Et là j’ai gratouillé franco.
Panique à bord. Départ fulgurant sauf que… Mélanie le tient toujours et tient toujours Gamin, devant moi. Je me retrouve avec les rênes de Gamin dans le cou. Mélanie lâche tout.
Et là je traverse la jachère en putains de sauts de mouton, façon Tino très très très énervé. Mais ça je connais : bien droite dans mes étriers, rênes à la couture et mains hautes pour remonter tout ça. Sauf que… réflex des saumuriales, je sers mes guiboles… et mes mollets (ben oui, Tino ça le fait accélérer et du coup pour garder son équilibre, arrête ses conneries). Sauf que Qrevette : jambes= panique + + +. J’ai traversé une bonne partie du champ(5 ou 6 sauts, je crois, Mélanie me dira après que je tiens sacrément bien en selle et que c’était digne d’un grand rodéo) jusqu’à un massif de hautes herbes qui cachent… un gros creux dans lequel Najaume s’arrête net et moi dans mon élan, soleil à gauche, je tombe sur les épaules. Le choc est assez violent et je n’arrive pas à tenir ma tête, qui claquera, encore une fois, bien fort par terre. Et je sais pas comment j’ai fait, j’ai lâché les rênes alors que ça ne m’arrive jamais. Mais ma main droite est brûlée. Argh, mes rênes toutes neuves.
Je me relève de suite pour voir Najaume continuer sa course en sauts de mouton, même en s’étant débarrassé de moi. Purée, c’est impressionnant à voir !
Gamin le rejoint au petit galop, puis ils font demi- tour voir les fifilles. Bien sûr, Boum ne se sentant plus de joie, court après tout ce petit monde en donnant de la voix. Mélanie arrive à le récupérer et le prend dans ses bras. Les garçons comptent fleurette. Je pense pouvoir les approcher. Que nenni. Ca descend au petit trot, façon Pépé le putois. Ils s’arrêtent au carrefour des chemins de balades. Gamin hésite : suivre le nouveau copain ou céder aux appels désespérés de sa 2 pattes. Najaume est indécis : pas pour me rejoindre, oh non, mais plutôt sur la direction à prendre. Je m’approche. Les 2 me regargent, puis Najaume met sa queue en panache, sa tête très haut, souffle très fort et part sur le chemin du retour, au petit galop. Argh, la petite barrière en métal, argh la descente bien raide qui glisse (ARGH LA ROUTE !!!!!!) Désemparée, j’appelle à la ferme. Les renforts arrivent.
Mais au lieu de retourner à la maison, Najaume, suivi par Gamin, emprunte le chemin qui longe par le haut son pré et plus loin, celui des Andouilles. Je cours (saleté de Kway), j’ai quand même le temps de me pencher sur une petite mésange qui gît au milieu d’une empreinte, taille 5. Ben quoi, c’est pas parce qu’on court après des chevaux en goguette qu’il ne faut pas faire attention à la faune sauvage. Je sais pas comment elle a fait, mais elle s’est envolée !
Je récupère Gamin 100 m plus loin, qui trouve que tout ça, c’est plus très drôle, finalement.
Mais point de Najaume. Il réapparaît quelques secondes plus tard.
« Hey Qrevette, j’ai ton pote en otage ! »
« M’en fiche, mon pote c’est Kenzooooooooooooooo !!!!! » me dira t –il en m’évitant en passant par le champ de colza, à fond la caisse.
« Purée qu’il est beau, l’enfoiré ! » pensais- je.
Je donne les rênes à la volée de Gamin à sa 2 pattes.
Najaume, cette fois- ci est parti… sur la route (celle où Enzo a été renversé). Il s’arrête devant la porte de son pré, où il est récupéré par Isabelle( qui avait hâte de passer une soirée tranquille). Elle n’est pas rassurée que Najaume ne soit pas rassuré du tout. Elle ne m’a pas vu, mes paroles étouffées par la voiture de son mari, qui barre la route. Je la rattrape, la remercie, récupère soulagée la Qrevette et je fais demi- tour.
« Mais où tu vas ? » « Ben je repars, je ne peux pas le laisser là-dessus ! »
« T’es sûre ? »
« Oui (mais au fond de moi, je suis morte de trouille à l’idée de devoir remonter dessus) ».
Je rejoins Mélanie un peu plus haut. Gamin va bien. C’est dingue, je m’inquiétais plus pour lui que pour la Qrevette.
On repart, on croise le reste du renfort à pied, qui nous cherchait. Mélanie préfère confier son chien et je pense avoir un coup de main pour monter, mais je veux aller plus loin : hors de question de tenter l’expérience sur le goudron entouré de silex. On part dans un chemin où les juments ne nous verront pas. Mais personne ne suit !
Tant pis.
Mélanie se met en selle. La course lui a scié les jambes.
Je cherche l’endroit propice pour me mettre en selle : ce sera flaque de boue entourée de colza. (je crois que j’ai un peu retardé la découverte de cet endroit idyllique. Je suis pétée de trouille). Gamin barre le chemin du retour derrière moi.
Là, pas question de couper au rituel : immobilité, gratouilles partout, je frappe la selle, je frictionne la croupe, à gauche comme à droite, je claque les étriers, je saute en m’appuyant sur lui… Bref, tout ça pendant plusieurs minutes.
Allez Troutrou, courage !
Je me mets en selle. Tout va bien. Je demande à Mélanie de passer devant mais Najaume s’est mis en route au pas, et je n’ose le contrarier. Mélanie restera alors derrière.
J’abrège un peu : les 30 minutes de balade au pas se sont globalement bien passées. Tendue comme chais pas quoi, Qrevette l’était tout autant, moi frémissant quand il glissait dans la boue, lui frémissant si je bougeais mes rênes, ou dans ma selle, ou lorsque Mélanie caressait son cheval. Gamin, malgré son gabarit, marche plus lentement que Najaume, que cela contrariait de marcher derrière : difficile de vouloir le ralentir sans qu’il cherche à accélérer ou marcher sur Gamin… et puis, il met facilement la tête vers le bas en s’appuyant sur son mors.
Le démontoir reste tout autant problématique : c’est panique à bord.
Bref, je ne me sens pas du tout en sécurité avec lui en extérieur. Tino est bien plus « secure ». Le maître d’école, que ce soit Naba ou Gamin, il n’en a rien à faire : et un cheval qui n’a ni frein, ni direction et qui veut être devant, non, je refuse.
On a notre temps, on fait reset et on va tout mettre en place en carrière.
J’ai plus l’âge des saumuriales…
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