Longue vie à ta nouvelle histoire alors!!! :coeur:
allez, pour les nostalgiques, mon histoire avec El Do telle que je l'ai écrite à l'époque (attention, roman!) :
El Dorado est arrivé dans ma vie un dimanche d’octobre 2007.
Je venais de subir un échec cuisant avec mon premier cheval Vega, un Pure Race Espagnol de 6 ans . Je décidais donc, le cœur en peine et l’âme déchirée de me séparer de Vega… ce cheval que j’avais tant aimé, pour lequel j’avais tout donné.
A cette époque, mi octobre donc, écorchée vive par cette terrible épreuve, déchirée entre mon amour inconditionnel pour les chevaux et une terreur viscérale de remonter, je ne voulais plus avoir de cheval à moi. Je ne me sentais plus capable de leur faire à nouveau confiance.
J’étais habitée par la peur de mourir, ou pire encore, de vivre paralysée ou dans un état ne me permettant plus d’approcher les chevaux.
A pied, tout se passait bien, je prenais beaucoup de plaisir au travail, mais sur leur dos, ils devenaient pour moi un danger mortel, des machines à tuer.
Quelle douleur de vivre une telle terreur et de ne pas pouvoir s’en débarrasser. J’aurai donné n’importe quoi pour redevenir mon ancien moi, et pour faire disparaitre cette peur qui empêchait tout plaisir, et qui me rendait si malheureuse…
Je ne voulais pas arrêter de monter pour autant. Mais je ne voulais plus monter seule. Et plus gérer un seul cheval.
Dans la continuité de mon travail à pied et de mon idée de l’éducation et de l’équitation, j’avais comme projet, dès la vente de Vega, de prendre des cours d’équitation western. Attirée depuis longtemps par ces méthodes, et aussi, il faut bien l’avouer, par les chevaux américains (quarter horses surtout…), je me disais que je pourrai ainsi me remettre en confiance dans le calme et la sécurité, et que d’ici quelques années, quand mes plaies seraient guéries, je passerai à nouveau à l’acte et redeviendrai propriétaire.
Je crois au destin.
Et rien ne s’est passé comme prévu…
Je n’arrivais plus à m’occuper de Vega. Je continuais de venir régulièrement, mais c’était un véritable supplice de croiser son regard, de caresser son pelage. Je ne pouvais plus, comme avant, enfouir ma tête dans sa crinière, et rester ainsi à pleurer pour me soulager.
Il fallait qu’il parte, vite, le plus vite possible.
Mais je ne pouvais me résigner à le laisser n’importe où, je voulais à tout prix une bonne maison pour lui. Pas facile avec les blessures qu’il avait subi, et dont il était remis…
Mes amis m’ont secouru. Elodie et Olivier. Je les remercie du fond du cœur.
Et encore une fois… c’est Magali qui a été mon salut. Elle m’a présenté un monsieur qui cherchait précisément un jeune ibérique pour prendre la relève.
Possédant lui-même deux ibériques, dont un mis en haute école, il voulait à tout prix reprendre le flambeau avec un jeune cheval énergique et charismatique. Sa première visite à Vega a été une révélation. Un vrai coup de foudre entre eux, une connexion immédiate. C’était limpide : ils étaient faits pour se rencontrer.
J’étais pleine d’espoirs que Vega parte dans cette maison. Mais Mr P. me fit brutalement tomber de mon petit nuage.
Il était d’accord pour prendre Vega… mais uniquement si je lui échangeais contre un de ses deux chevaux. Il ne voulait pas ajouter d’argent, et ne pouvait pas accueillir trois chevaux chez lui. Quel coup dur !!! Je voyais tout s’écrouler à nouveau.
Il me dit alors qu’il possédait LE cheval qu’il me fallait vu mon état. Une montagne de gentillesse, un cheval doux et patient qui me pardonnerait mes erreurs, et ne tenterait jamais rien contre moi. Je me suis tout de suite dit qu’il cherchait à m’amadouer. La mort dans l’âme, j’acceptais quand même étudier la question, sans trop y croire. …
J’en parlais alors à mon homme. Peu convaincue. Il était d’accord pour venir voir le cheval avec moi. Je rappellai donc Mr P. pour prendre rendez vous pour le dimanche suivant. Je ne savais rien de ce cheval, si ce n’est son nom : El Dorado, son âge, 14 ans, et sa robe : Isabelle
Dimanche matin. On se lève assez tot avec mon homme. Je traine un peu la patte, mais une petite lumière s’est allumée dans mon esprit. La curiosité.
J’enfile ma tenue, prends l’appareil photo dans ma poche, et en route. On passe à l’écurie chercher ma selle pour l’essayer sur le loulou… c’est un peu la pantoufle de vair, je ne peux pas me permettre de racheter du matériel. De toute manière, j’y vais sans y croire.
Nous avons de la chance car il fait beau ce matin la. Comme le jour de l’essai de Vega, un grand soleil illumine le ciel. Nous roulons un moment, Tarare est à environ une heure de chez nous.
Je commence à angoisser un peu. Suis-je vraiment prête pour reprendre un cheval ? Je n’en ai pas envie. Comment vais-je faire pour m’investir avec lui ? La place qu’occupe Vega dans mon cœur n’est pas libre !!! 14 ans, ce n’est pas tout jeune ! J’espérais plus un cheval d’une dizaine d’années maximum ! Un ibérique, mis classique en plus, et mes rêves de western ?
Je me dis que cette histoire n’est qu’une sombre fumisterie. Mais en même temps, je ne peux m’empêcher d’espérer, de me dire que mon futur cheval est peut être au bout de la route.
Après nous être trompés de route, nous rappelons Mr P. qui nous donne de nouvelles indications, un tantinet agacé.
Nous grimpons sur les hauteurs, le paysage est à couper le souffle. Puis, au loin, dans cette campagne sauvage et vierge, sur l’autre versant de la colline, j’aperçois un cheval qui tourne en longe. Les battements de mon cœur s’accélèrent, il vient frapper fort dans ma poitrine. La joie émerge en moi, une joie extatique, un émerveillement. J’ai envie de sauter de la voiture et de courir vers ce cheval. Pourtant, ce n’est qu’un tout petit cheval au loin. Mais son attitude est paisible, ses allures sont aériennes et tranquilles. Je ne tiens plus en place.
Nous nous garons enfin, et je saute littéralement de voiture…
Et je croise son regard pour la première fois…
Son regard est un écrin de velours, de paix et de gentillesse. Un océan de bonté qui respire le calme et la tendresse. Mon homme est sous le charme aussi.
Je m’approche pour le caresser.
Puis je le regarde tourner. Il est plein de belles rondeur, une encolure massive, un dos solide, des crins tout emmélés et une magnifique robe pommelée et dorée. Il se déplace avec légereté, malgré sa solide carrure.
Mr P. se met en selle. Et il enchaine les appuyés, pas espagnol, trot espagnol et autres. Je n’en perds pas une miette. Le cheval est concentré, attentif, calme et volontaire. Il n’aime pas la bride, et n’a visiblement pas l’habitude d’être placé.
Je m’en fiche royalement, je ne monte pas en bride, et mon premier objectif est de reprendre confiance, par de faire de le sortir sur des carrés.
Puis, c’est enfin mon tour.
J’insiste pour débrider et déseller moi-même le cheval, et lui faire son pansage. Il ne bouge pas à l’attache, et se laisse toucher partout. Il est très calin.
Le cœur battant, je lui mets ma selle et je demande à le monter en mors de filet simple.
Je suis si émue que je n’arrive même pas à brider correctement.
Puis je mets le pied à l’étrier. Je n’ai pas remonté depuis mon accident. Mais je me sens bien avec ce gros cheval jaune. Il ne bouge pas au montoir. Il tient parfaitement l’immobilité. Premier passage réussi !
Je le mets au pas sur la piste. Il est un peu raide, mais extrèmement confortable. Je tente un arrêt, et la réponse ne se fait pas attendre. Il obtempère immédiatement. Deuxième passage réussi !!!
Je m’autorise alors un petit trot assis. Je ressemble à un pantin, car je suis très émue. Je monte comme une débutante, rennes trop longues, dos pas tenu, mais qu’est ce que me sens bien dans ses petites allures calmes et confortables !
Puis, l’inattendu, je demande le départ au galop. Et la, le bonheur total, un petit galop cadencé et rassemblé, je suis aux anges. Transitions descendantes immédiates et propres.
Je descends.
Si ce cheval n’est pas capable de me remettre en confiance, aucun autre ne le pourra. Je suis conquise par sa générosité et par son regard. J’accepte l’échange.
Jusqu’au jour de la livraison, je n’ose même pas regarder les photos tellement j’ai peur qu’à la dernière minute, quelque chose m’échappe. Mon homme est très heureux aussi.
Mr P. et moi nous mettons d’accord pour prendre les chevaux à l’essai pendant un mois. Rendez vous est pris pour le 2 novembre, il me livrera El Dorado et repartira avec Vega…
Le samedi 2 novembre... je me suis réveillée, en même temps impatiente et terrifiée ce matin la. J'ai évité de penser. Je suis allée ramener Marie et Ennes à la gare. Et, pendant le trajet, j'ai reçu l'appel. Mr P. me prévenait qu'il arrivait à 15h avec El Dorado et ses papiers, et qu'il fallait que mon cheval soit prêt à embarquer. Mon coeur s'est serré très fort, ma gorge s'est asséchée, mes jambes ont commencé à trembler. J'ai enfin réalisé qu'il allait partir. J'ai enfin réalisé quel vide il allait laisser dans ma vie. Un vent glacial m'a traversé et a laissé place à une immense tristesse. Mes yeux se sont brouillés de larmes, je n'avais plus aucune force. Mon homme est venu me rejoindre et m'a invité au restaurant pour penser à autre chose. Ca m'a énormément touchée. Je sais que je suis pénible avec mes chevaux, qu'ils prennent une telle place dans ma vie... parfois, j'ai peur de trop tirer sur la corde. Et dans ces moments difficiles, le sentir prêt à m'épauler, c'est le plus grand réconfort, la plus douce chaleur qui soit... A 14h30 nous sommes donc allés à l'écurie. J'ai décidé de faire un bon pansage à Vega avant son départ. On est descendus à son paddock avec un seau de carottes. En haut du chemin qui mène aux paddocks, j'ai fait un pas, et, submergée, j'ai fondu en larmes. De gros sanglots. Quelle souffrance, c'était affreux, j'avais l'impression de le trahir. Dans le paddock, j'avais du mal à le brosser, à le caresser. Mais il FALLAIT que je lui dise au revoir. Ils sont arrivés à 15h pile. A peine eu le temps de lui faire mes adieux. El Dorado est descendu calmement du van, nous l'avons tout de suite laché dans un paddock. Puis nous sommes allés faire les papiers. Un moment atroce que je préfère ne pas raconter. Pendant ce temps, mon homme avait disparu. Enfin, nous sommes allés chercher Vega dans son pré. Ils l'ont embarqué, j'ai croisé son regard une dernière fois, je lui ai donné une carotte... c'est bête... mais je voulais le faire. Le van a fait demi tour, j'ai tout laché, et je me suis effondrée dans les bras de mon homme, inconsolable. El Dorado était dans son paddock, les yeux ronds. Il n'a pas compris qu'on le laisse là. J'ai repris un peu mes esprits, mais je ne parvenais pas à le regarder, à le toucher. Il volait la place de Vega. Puis je me suis dit que le pauvre, il devait être bien perdu au milieu de nulle part avec tous ces inconnus, sans son copain de pré qu'il avait depuis 10 ans. Lui aussi était malheureux, et il n'avait pas demandé à être là. Nous l'avons donc pris en main avec mon homme, et lui avons fait faire le tour du propriétaire. Il était complètement stressé le pauvre. J'étais si émue et fragile que c'est finalement mon homme qui l'a géré ce jour la. Nous avons mis des carottes dans son boxe, et sommes partis... il allait falloir faire mon deuil... et apprendre à apprivoiser et à me laisser apprivoiser par mon nouveau compagnon Dans la voiture, mon homme m'a donné ce qu'il était allé recueillir pendant la signature... une mèche de crins de Vega...
Dimanche 3 novembre. Le soleil est toujours la. Le dimanche, les chevaux sont sortis par leur propriétaire si ceux-ci le désirent.
Je suis soucieuse de l’état d’El Dorado qui n’a jamais mis les pieds dans un boxe auparavant.
Lorsque j’arrive à l’écurie, mon nouveau compagnon est en sueur, sur l’œil, et assez nerveux. La porte du boxe à peine entre ouverte, il essaie de forcer le passage.
Je suis fatiguée. Et c’est dur pour moi, psychologiquement surtout. Je fais appel à une autre propriétaire pour m’aider. Nous lui passons le licol alors que la porte du boxe est encore fermée, et dès qu’on l’ouvre, il se jette dehors. Aucun respect, mais pas de méchanceté non plus, il est toujours perdu et en plein stress.
Je décide de ne pas l’attacher tout de suite, et le lache au paddock. Il part au petit trot et va brouter. Je le laisse tranquille un moment.
Au bout d’une petite heure, je retourne le voir. Il vient vers moi, première victoire !
Je commence à le caresser un peu partout. Il ne bronche pas. Puis je tente de le caresser à droite, et la, il me barre le passage, et tourne pour m’empêcher d’approcher . Visiblement, il n’a pas l’habitude d’être abordé par la droite. Je mets 5 bonnes minutes à pouvoir passer sans qu’il ne tourne. Il est tendu. Je caresse partout, il reste sans bouger. Je le laisse la dessus.
En fin de journée, je reviens le chercher pour lui faire un bon pansage. Pas de soucis particulier. Je lui ai également préparé un bon seau de pommes carottes que j’ai laissé dans le boxe, afin qu’il trouve un peu de plaisir à rentrer dans sa nouvelle maison.
Je n’arrive pas à me dire que c’est mon cheval. Comme si on me l’avait confié…
Et voila!!! :-o